Entre cherté du logement et surpopulation, quoi de plus normal que d’avoir un « coloc » à Dakar ? Le phénomène a des avantages, mais pas que.
Pauline .D .R .Minka (L2)
Le coût élevé de la vie à Dakar dépasse les moyens de certaines personnes, notamment les étudiants étrangers et la population issue de l’exode rural.
« Vivre en colocation pour moi est la meilleure des choses qui soit car tout est cher. Mais grâce à cette pratique, je parviens à faire des économies et joindre les deux bouts », témoigne Hermine Ndiaye Seck, étudiante à l’Université Amadou Hampâté Bâ.
Pour Ibrahim Souleymane, étudiant à Dakar, cette pratique est un moyen d’épargner. Les factures sont divisées entre deux ou plusieurs personnes : « Les études nous prennent tellement d’argent qu’il faut trouver un moyen d’épargner pour étudier aisément. Alors la colocation me semble être le meilleur moyen ».
Avoir des « colocsest une bonne chose dans la mesure où ils deviennent comme des frères. La plupart de la population dakaroise ne vit pas avec sa famille ; pour celle-là c’est un plaisir d’être en colocation carelle retrouve la famille qu’elle a laissée dans les régions ou dans les pays autres que le Sénégal.
C’est le cas de Miriame Thiam, agent commercial dans un fast-food de la place :« Dans mes débuts à Dakar, je ne connaissais presque personne et j’étais crispée. Par la suite je me suis installée avec Joëlle et Isaac dans un appartement non loin de Colobane ».
Quelques jours plus tard Miriame a retrouvé la gaité, la joie et l’ambiance qu’elle trouve chez elle à Kaolack. « Aujourd’hui nous sommes inséparables » souligne- t-elle.
Pour Mouhamadou Zidane, commerçant au marché Tilène, c’est la sécurité qui le pousse à être en colocation : « Moi je suis rarement à la maison et personne n’est plus indiqué à veiller sur ma chambre que mes colocs. Entre nous il peut avoir des volsmais lorsqu’on entretient de bonnes relations, on est tranquille».
Les ennuis peuvent survenir à n’importe quel moment quand on partage un appartement avec une ou plusieurs personnes.
Parfois, certains colocataires privent d’autres de leur liberté. Gabi Boumba,secrétaire dans un cabinet à Dakar, témoigne : « Dans mon ancien appartement, ma coloc avait fixé des heures de fermeture du portail. Je n’avais pas le droit d’avoir de la visite, quelle que soit la personne. Ma liberté m’avait été retirée hélas ! ».
La nuisance sonore est aussi un problème que pose la colocation : « C’est impossible de prospérer dans une telle atmosphère », relève Steve Mougnala Leckaba, étudiant en journalisme à E-JICOM qui, aujourd’hui, vit seul.
« Des fois, je voulais me concentrer pour étudier mais je ne pouvais pas. Mes colocs faisaient du bruit et pas la peine de leur demander d’arrêter ils n’avaient pas mon temps ».