La cherté du loyer demeure un sujet d’actualité. Malgré le vote d’une loi instituant sa baisse, les bailleurs  font de la résistance.

Abdoulaye Mbow (L3)

En 2014, l’Etat du Sénégal votait et promulguait une loi sur la baisse du loyer.  Quatre ans plus tard, elle tarde à être effectivement respectée.

Selon Fatoumata Gomez, gérante d’une agence immobilière à Dakar, « les bailleurs contournent la mesure tout simplement parce qu’elle ne fait pas leur affaire ».

Très classe dans sa tunique en soie et portant des lunettes, cette quadragénaire poursuit : « Ce sont les locataires qui  payent les pots cassés. Sans raison valable, les propriétaires parviennent à les expulser. Beaucoup de locataires viennent régulièrement dans mon cabinet pour se plaindre ».

Les prétextes des bailleurs

Pour les propriétaires, le stratagème est simple. « Ils font croire aux locataires qu’ils veulent vendre leur maison, la réfectionner ou la donner à leur famille », explique Mme Gomez. Cela leur permet de les expulser afin d’en prendre d’autres qui paieront plus cher.

La baisse du prix du loyer constitue une bonne initiative de la part de l’Etat. Seulement, cette loi manque de contrôle et de suivi. Des sanctions sont pourtant prévues à l’encontre des bailleurs indélicats.

Sur les affaires judiciaires opposant bailleurs et locataires, il arrive que les premiers soient punis. « Ce qui ne semble pas être la règle en général », croit savoir Mme Gomez.

La loi sur le loyer établit une baisse de 29% sur les montants inférieurs à 150 000 francs CFA ; 14% sur ceux compris entre 150 000 et 500 000 francs CFA et 4%  s’il est supérieur à 500 000 francs CFA. Dans la pratique, la réalité est tout autre.

Et les Sénégalais de se demander s’il était  nécessaire de promulguer une loi alors qu’elle ne sera pas respectée. Khadim Ngamb est un mécanicien âgé de 35 ans.

Avec ses revenus modestes, il avait accueilli avec bonheur la mesure sur la baisse du loyer. « C’était vraiment une bonne chose parce que cela me permettait de faire des économies ». Maintenant qu’il a changé de lieu d’habitation, son nouveau bailleur lui fait payer le même montant qu’il déboursait avant l’entrée en vigueur de la loi.

L’Etat au banc des accusés

Dans cette histoire de loyer, la plupart des Sénégalais accuse l’Etat de laxisme.

Selon Aliou Faye, étudiant en journalisme, la faute incombe en grande partie au gouvernement.

« Si l’Etat veut que la baisse du loyer soit respectée, elle doit l’accompagner de mesures de contrôle strict et de sanctions sévères à l’égard des contrevenants », suggère-t-il. Ce qui pourrait constituer un début de solution aux problèmes du loyer opposant bailleurs et locataires.

Surtout dans un pays où près de 52 % de la population sont en location dans leur lieu d’habitation, selon des chiffres d’enqueteplus.com.