La Covid19, a durement touché le système éducatif du Sénégal. Dès l’apparition de la pandémie en mars 2020 dans le pays, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour enrayer la propagation de la maladie. Parmi ces mesures figuraient la fermeture des classes, avec des fortunes diverses.La pandémie, apparue en mars 2020 au Sénégal, a sérieusement perturbé le système éducatif et bouleversé les habitudes du monde scolaire. Elle a engendré un arrêt momentané des cours en présentiel.
Dès le 16 mars 2020, le gouvernement sénégalais a décidé, à titre préventif, de la fermeture de toutes les écoles au Sénégal, afin de contenir la propagation rapide et non maîtrisée du virus. Pour ne pas complètement compromettre l’année scolaire, le gouvernement a mis en place des outils d’apprentissage à la maison avec un calendrier scolaire établi. Il s’agissait de plateformes d’enseignement à distance sur Internet, de méthodes d’apprentissage par le biais de la télévision, de la mise à disposition de différents matériels et outils pédagogiques, numériques notamment.
Malgré ces dispositifs, « plus de 3,5 millions d’enfants (47% de garçons et 53% de filles) ont dû cesser toute activité d’enseignement en présentiel », selon un rapport du Fonds des nations unies pour l’enfant (Unicef), intitulé « impacts de la crise Covid-19 sur les enfants au Sénégal », publié en octobre 2020. « Environ 3 élèves sur 10, âgés de moins de 16 ans ont déclaré étudier seuls ou ne pas participer à des activités d’apprentissage », selon le rapport de l’Unicef.
Une situation difficile pour les élèves en classes intermédiaires, qui n’avaient pas tous les moyens de participer aux cours en ligne. Une des raisons : ils n’avaient pas tous accès à Internet.
C’est le cas de Nafi Ndiaye, élève en classe de 4e de l’établissement Les Pédagogues de Dakar, qui affirme ne pas disposer de wifi chez elle. « Je ne pouvais pas suivre les cours en ligne. Acheter des forfaits internet tous les jours était compliqué », déplore Nafi qui témoigne avoir raté plusieurs cours. « Tout ça m’a pénalisé et par la suite j’ai redoublé la classe ».
Cette amertume est partagée par certains parents d’élèves, dont Modou Dièye, commerçant et père de trois enfants. « La Covid a impacté négativement les résultats de mes enfants, j’ai constaté que depuis l’apparition de cette pandémie et du confinement, leur niveau d’études à nettement baissé », affirme le père de famille.
« En restant à la maison pendant le confinement mes enfants sont devenus paresseux, ce qui n’était pas le cas avant le confinement », renchérit Yann Ba professeur d’histoire et géographie, mais également parent d’élèves.
En restant à la maison durant la période de Covid, les élèves n’étaient donc plus assez concentrés et, étant des enfants, sans suivi ni possibilité de pratique pour certains, ils ont donc presque tout oublié, remettant ainsi les compteurs à zéro. Une situation qui a causé la déception et un sentiment de frustration chez certains enseignants.
A la reprise des cours, « le niveau des élèves avait tellement baissé, et on avait alors tellement de difficultés, que je me suis sentie découragée », déplore Sokhna Mame Khady Fall, enseignante à l’école primaire Mor Diop, située aux parcelles assainies, dans la banlieue dakaroise.
Si pour certains la Covid-19, est une invitée imprévue qui a affecté négativement le système éducatif ou encore les résultats scolaires, ce n’était pas le cas pour les candidats aux examens du baccalauréat, communément appelé le Bac, de 2020 et 2021. Paradoxalement, les résultats à cet examen qui ouvre aux jeunes sénégalais les portes de l’enseignement supérieur ont connu une évolution positive, par rapport aux années précédentes.
En 2020 et 2021, selon les chiffres disponibles sur le site de l’Office du Bac, les résultats ont atteint respectivement 48,22 % et 44,65 %. Pour les trois années précédentes, les résultats n’ont jamais atteint 40 %.
Même si le taux de réussite a baissé en 2021 comparé à l’année 2020, on constate qu’en plein Covid-19, le pourcentage de réussite a été plus élevé même que les trois dernières années sans pandémie.
« La Covid a changé nos habitudes, nos façons d’enseigner mais en termes de résultats scolaires, ceux-ci sont satisfaisants, bien plus que les autres années », affirme M. Assane Ndiaye, professeur de français, rencontré au niveau de l’établissement scolaire Alwar, situé à la Cité Keur Gorgui.
Monsieur Issa Thiaw, professeur de mathématiques lui emboîte le pas en soulignant la chance qu’ils ont eue de terminer leur programme « à temps ».
En confinant les enfants à la maison, la Covid a, selon certains enseignants, donné l’opportunité à certains élèves en classe d’examen de se remettre en question et de se rattraper dans les matières où ils étaient plutôt faibles.
A l’arrivée, la pandémie, et malgré ses nombreux effets négatifs dans le pays, a rendu service à certains élèves. Les bacheliers de 2020 et 2021 ne démentiront pas !
Lamine Diouf, L2 ; Jehovani D Bongo, L2, Mahamadou Youssoupha, M2