Le paracétamol est un « poison mortel » selon plusieurs sites Internet spécialisés en santé. Nous avons vérifié cette information largement relayée sur les réseaux sociaux.
Par Aliou Faye (L3)
« Prendre du paracétamol augmenterait de 20% le risque de maladie cardiovasculaire, y compris la crise cardiaque et l’accident vasculaire cérébral (AVC) », rapporte un article publié par Astuces Naturelles, un site d’information spécialisé en santé.
« Il y a différentes voies métaboliques qu’un médicament peut prendre quand il est décomposé par le foie. La voie principale pour le paracétamol / acétaminophène n’est pas toxique. Mais votre corps ne peut faire qu’une quantité limitée d’enzymes métabolisantes à la fois, mais dès qu’il est épuisé, le foie utilisera une autre voie. Dans le cas du paracétamol, cette voie secondaire produit un métabolite qui est toxique pour le foie », est-il écrit. Un article qui a amplement été relayé sur les réseaux sociaux.
Quelle est la source de cette information ?
Nous avons contacté, par courriel, la rédaction d’Astuces Naturelles qui a indiqué s’être « basée sur des études d’experts ».
Nous avons ensuite été orientés vers un article publié sur le même site. Il y est indiqué que « sur la base de huit études existantes, les experts ont ainsi montré un taux de mortalité accru jusqu’à 63% chez les patients qui consomment à plusieurs reprises ces doses élevées (de paracétamol) ».
Il est également évoqué, chez ces patients, une « augmentation du risque de développer des problèmes gastro-intestinaux et rénaux dans le cas d’une consommation régulière. Le risque se serait doublé en cas d’utilisation cumulée de plus de 500 g de paracétamol par jour ».
Le paracétamol est autorisé par l’OMS
La molécule du paracétamol, utilisé au quotidien pour traiter la fièvre et la douleur a été découvert par hasard à la fin du XIX ème siècle. Mais ce n’est que 60 ans plus tard que sa commercialisation débute, d’abord aux Etats-Unis, en 1955, puis en France deux ans plus tard.
Cette substance entre dans la composition d’une soixantaine de spécialités pharmaceutiques et peut se présenter sous différentes formes ou conditionnements : sirops, poudre à diluer, suppositoires, gélules, comprimés effervescents, cachets…
Le paracétamol figure dans la catégorie des anti migraineux de la liste modèle de l’OMS des médicaments essentiels, publiée en mars 2011. L’institution onusienne précise cependant que la forme buvable de ce médicament « nécessite un diagnostic par un spécialiste ou des installations de surveillance, et/ou des soins médicaux spécialisés, et/ou une formation spécialisée relative à leur utilisation chez l’enfant ».
« Peu d’effets indésirables mais respecter les précautions d’emploi »
Le Collège national de pharmacologie médicale de France décrit le paracétamol comme étant « un antalgique efficace et maniable à condition de respecter ses contre-indications (hypersensibilité et insuffisance hépatocellulaire) et ses précautions d’emploi (ne jamais dépasser chez l’adulte la dose maximale journalière de 4 g en 4 prises et de 60 mg/kg/jour chez l’enfant en 4 prises fractionnées) ».
« Le paracétamol présente très peu d’effets indésirables notamment au niveau gastro-intestinal par rapport aux autres antalgiques et/ou antipyrétiques. Toutefois, des surdosages aigus peuvent provoquer une nécrose hépatique fatale et les intoxications massives volontaires détectées non précocement restent un problème majeur pour les cliniciens », selon la même source.
Une étude britannique confirmant le danger de la molécule en cas de surdosage
De son côté, le British Journal of Clinical Pharmacology dans son édition de novembre 2012, rapportait qu’une étude réalisée par des chercheurs de l’Université d’Edimbourg a révélé « qu’entre 1992 et 2008, 663 patients ont été admis avec une lésion hépatique sévère induite par le paracétamol, dont 161 (24,3%) avaient pris un surdosage échelonné ».
« La présentation retardée et le surdosage échelonné sont associés à des effets indésirables consécutifs au surdosage de paracétamol », ont indiqué les auteurs de l’étude.
Que retenir : le paracétamol n’est pas un poison mais peut tuer en cas de surdosage
Le Collège national de pharmacologie médicale de France appelle à « sensibiliser le patient de l’importance du respect de la posologie maximale prescrite en l’informant de la toxicité hépatique potentielle en cas de surdosage (de paracétamol) ».
Mieux, les chercheurs de l’Université d’Edimbourg indiquent clairement dans leur étude citée par le British Journal of Clinical Pharmacology, que « le paracétamol n’a aucun impact dans l’organisme s’il est pris correctement en respectant les prescriptions, par contre un surdosage prolongé peut conduire au décès ».
Par conséquent le paracétamol ne peut pas être considéré comme un poison mais il peut s’avérer mortel en cas de surdosage.