C’est à Ouakam, un quartier situé à l’Ouest de la capitale sénégalaise, que le monument a été érigé après huit ans de travaux. Il est le symbole d’une Afrique renaissante.
Par Rokhya A. Bassene et Saberu S. Saboubanga
Le monument a été construit sur un site de 1927 mètres carrés et c’est à l’initiative de l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade, que l’architecte Pierre Atépa Goudiaby a conçu cet édifice, surplombant Dakar du haut de ses 52 mètres, inauguré le 3 avril 2010 en présence de plusieurs dirigeants du continent.
La statue représente l’enracinement, la liberté et l’espoir. « La femme c’est l’enracinement, l’homme la liberté et l’enfant l’espoir », explique Pape Kégna Baldé, un des guides du site. Elle « est construite sur une roche qui fut jadis un bunker de l’armée et est faite avec de cuivre », précise fièrement le guide.
Avant d’atteindre le pied de la statue, il faut gravir 198 marches d’escaliers et pour y accéder, il faut se munir d’un ticket d’une valeur de 1000 francs CFA pour une visite simple et de 3000 francs CFA pour une visite complète. Au niveau du guichet, il est marqué sur une plaque : « Non résident adulte : 6 500 F CFA, non résident enfant : 3 250 F CFA ». Un guide accompagne les visiteurs et leur fournit des renseignements sur le monument.
« La Renaissance c’est pour symboliser l’Afrique tout au long de sa trajectoire historique, littéraire, géographique, rendre hommage aux grands hommes africains qui ont marqué l’histoire en Afrique mais également au niveau de la diaspora », explique Pape Kégna Baldé.
C’est ce que traduit le décor du hall d’entrée du monument : une sorte de musée où sont représentés plusieurs hommes comme Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Nkwame N’krumah… qui ont marqué l’histoire de l’Afrique pendant les guerres mondiales, la colonisation et la décolonisation ou en instiguant des révolutions sociopolitiques. Les précurseurs de la négritude y ont aussi leur place et même Mahatma Gandhi, pionnier et théoricien de la non-violence, représenté par une statuette sur laquelle on peut lire : « Cadeau de l’ambassadeur de l’Inde au Sénégal ». Plusieurs pays africains ont également apporté leur contribution en objets d’art pour décorer l’intérieur du monument.
Au premier étage, un espace a été aménagé pour la représentation de quelques ethnies du Sénégal avec des personnages faits d’argile et de bois. Chacune des ethnies est représentée par une activité qui la caractérise. Les Sérères avec la lutte, les Diolas et leur bois sacré, les Balantes avec le balafon, la kora des Mandingues et le masque de la collecte du miel des Bassaris.
Au deuxième étage, juste avant les genoux de l’homme (vu de l’extérieur), il y a une petite salle baptisée « Le petit théâtre des enfants » où sont projetés des films ou des dessins animés destinés aux plus jeunes.
A côté, se trouve une autre salle où se rencontrent les présidents quand ils visitent le monument. Cette salle est décorée d’objets venant de quelques pays d’Afrique. Un masque du Burkina, un panier tissé à la main de l’ethnie Kindo du Kenya, une échelle traditionnelle du Ghana, un fragment de la porte du non-retour de Ouidah au Bénin, l’échelle Dogon – une ethnie du Mali -, un masque d’éléphant du Cameroun fait à base de cuivre et de bronze, le masque Kran du Libéria, une natte de la Mauritanie, ou encore, des meubles décorés par la styliste sénégalaise Aicha Dione.
Au troisième étage, une photo du monument est exposée. Juste devant elle, sont installés les trônes du roi et de la reine d’Angola datant de l’époque où le pays faisait partie intégrante du Congo.
A côté, d’imposantes peintures des présidents sénégalais, Macky Sall et Abdoulaye Wade, Abdou Diouf et Léopold Sédar Senghor luisent autant que celles de Barack Obama et de Martin Luther King ; entre les deux, une toile sur laquelle on reconnait la maison des esclaves de Gorée et la célèbre phrase « I have a dream » du pasteur américain.
C’est là que s’arrêtent les visites simples. Les visites complètes vous emmènent jusqu’au quinzième étage, à hauteur de la tête de l’homme, qui donne une imprenable vue sur la capitale sénégalaise.
A l’évidence, le monument dispose bien d’une direction et d’un staff pilotés par le ministère de la Culture. « C’est un milieu très intéressant pour les concerts, les séminaires… », fait valoir M. Baldé.
Les périodes de grandes affluences sont comprises entre juin et septembre, la période des grandes vacances, et en décembre pour les fêtes de fin d’année. « Au début, il n’y avait que des étrangers qui venaient visiter mais aujourd’hui, les Sénégalais viennent en masse », se réjouit le guide.