Avec l’apparition de la Covid-19, tous les moyens sont mobilisés pour faire face à cette pandémie qui a fini par toucher toutes les couches de la population. Les enfants et adolescents, parmi les couches vulnérables et fragiles, ont aussi été affectés par les effets de la maladie. A plusieurs niveaux, ils ont éprouvé des difficultés, surtout pour s’épanouir ou apprendre.
Un groupe de jeunes filles croisées dans la route vers Colobane, quartier populaire au Sud-ouest de Dakar, retiennent de la Covid-19 une période de privations. « Nous étions menacées d’être attrapées par les policiers si jamais nous sortions de la maison », a expliqué la plus grande du groupe, sous sa robe rose, le visage poussiéreux.
Sous le regard approbateur de ces deux camarades, elle explique qu’elles passaient leur temps à la maison. « Nous ne sortions pas, nous restions tout le temps à la maison »
Les mesures prises par le gouvernement parmi lesquels le confinement, ont imposé aux enfants des pratiques incompatibles avec leur besoin permanent de bouger et de se divertir.
Au Sénégal, le confinement dû à la pandémie de Covid-19 a été décrété le 16 Mars 2020.
Baba Maal Diallo, 14 ans, est élève au collège Notre dame du Liban de Grand Yoff. Il confie qu’il leur était impossible de se retrouver entre copains, de jouer au foot, malgré toute leur passion pour le ballon. « Bon personnellement, je restais chez moi, pour jouer à la PlayStation, c’était marrant à la fin », raconte le jeune garçon.
Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, un message approprié qui cible directement les enfants et les jeunes a dû manquer. Ces derniers semblent ne rien comprendre aux mesures imposées. Ils se croyaient plutôt astreints à rester chez eux.
« Sérieusement, c’est comme si on était des prisonniers, rester à la maison H24, zéro liberté. Vraiment les trucs de couvre-feu, ce n’est pas pour nous, c’est pour les Blancs », glisse le petit Omar Diouf, trouvé en train de discuter avec sa bande d’amis, à Sicap-Liberté, vieille cité de fonctionnaires au cœur de Dakar,
Les acteurs qui s’activent sur la protection des enfants n’ont pas été inattentifs aux multiples menaces qui pesaient sur les petits pendant cette période où tous les modes de vie ont été chamboulés, presque pour tout le monde.
« Durant toute la pandémie, dès qu’on a interdit les regroupements, nous aussi on les a arrêtés. Nous ne tenions plus nos séances de camaraderies (camaraderie : cellule de base de la Croix rouges qui regroupe les enfants, NDLR), nous faisions plutôt des séances de sensibilisation concernant les gestes barrières », explique Ass Tacko Seck, président du comité départemental de la croix rouge de Dakar.
D’après Monsieur Seck, les enfants ont été pris en compte assez tardivement dans les stratégies de riposte. « Déjà, au tout début, on voyait une parfaite inadéquation entre la taille des masques et le visage des enfants », révèle-t-il avant de poursuivre « jusqu’à présent les petits enfants sont dispensés du port de masque. Les seules personnes qui ne portaient pas de masques à un moment donné, c’était les enfants ».
Selon l’agence Nationale de Statistiques et de Démographie (ANSD), 52,1% de la population du Sénégal à moins de 20 ans. Dans cette forte proportion de jeunes, les adolescents représentent une couche importante. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), les enfants représentent 48 % de la population totale du Sénégal.
Sur un autre plan, l’arrêt soudain des cours a également bouleversé ces plus jeunes qui n’ont jamais vécu quelque chose de similaire à la Covid-19. Dès le 16 Mars 2020, les écoles et universités avaient été fermées au Sénégal. Mais tous les enfants ne restaient pas chez eux, ce qui augmentait les risques de contamination pour les enfants.
« Nous avons vécu la fermeture des écoles avec beaucoup d’inquiétude. On s’est retrouvé à un moment avec pratiquement tous les enfants dans la rue et sans mesures d’accompagnement », souligne Ass de la Croix Rouge.
« C’était bizarre et compliqué pour nous de ne pas aller à l’école. Moi j’étais en CM2 au début de la pandémie. En plus, on nous avait dit qu’on fera des cours en ligne mais ce n’était pas possible, même si parfois nous suivions des cours à la TFM », raconte naïvement Mariama Dème, trouvée en train de réviser ses cours dans une bibliothèque à Bene Barack, localité située dans la route de Malika, dans le nouveau département de Keur Massar, une de ses nouvelles excroissances urbaines de la capitale sénégalaise.
Des tentatives ont eu lieu pour basculer vers les cours en ligne, mais les conditions d’un bon déroulement n’étaient pas toujours réunies pour tout le monde.
Plus de 3,5 millions d’enfants ont cessé l’enseignement présentiel selon un rapport de l’Unicef intitulé « Impacts de la Covid-19 sur les enfants au Sénégal », publié en octobre 2020 et les difficultés pour assurer les cours en ligne sont bien réelles.
Tout le monde n’a pas accès à Internet. Seulement 10,1 des ménages avaient accès à internet à domicile en 2017 dans la région de Dakar, selon la plus récente étude de l’ANSD sur l’accès des ménages à une connexion Internet.
Les enfants ont vu leur quotidien complètement changé, avec des mesures préventives édictées lors de la pandémie. Mais ils ne croyaient pas toujours à la maladie et ne respectaient pas les mesures barrières.
« Moi, j’avais comme prétexte que si je mets le masque, j’étouffe. Mais je le disais pour ne pas mettre le masque », raconte Mame Fatou Diop jeune lycéenne en classe de seconde au lycée Elhadj Ibrahima Diop de Yeumbeul, dans la banlieue de Dakar. « Franchement je ne crois pas à cette maladie », avance-t-elle sur un ton confiant. « Mes raisons sont simples. On nous parle tantôt de cas qui ont augmenté et tantôt, ils reviennent nous dire que ça a baissé. Jusqu’à présent, j’en entends parler mais je n’ai jamais vu un malade atteint par ce coronavirus ».
Nombreux sont les enfants qui pensent comme Mame Fatou. Pourtant, des enfants ont été victimes de la Covid-19. En Décembre 2020, les enfants représentaient 8 % des cas de Covid-19 selon le chef du service de pneumo-pédiatrie de l’hôpital Albert Royer de Fann.
« En termes de statistiques, les enfants représentaient 14 % mais actuellement, ils sont au tour de 8%. », expliquait le professeur Idrissa Demba Ba dans les colonnes de L’AS, un quotidien Sénégalais. Peu suffisant pour convaincre les plus sceptiques.
Abdoulaye Wade, L2 & Hadjara Doulla, L2