Toujours méconnus et peu fréquentés
Dans des bâtiments en construction au centre-ville de Dakar, se trouvent les trois sites qui accueillent désormais des marchands ambulants déplacés de force des rues de la capitale qu’ils occupaient auparavant. Ces nouveaux sites sont peu visibles et n’attirent pas l’attention des passagers. Les marchands ambulants peinent à trouver des clients. Un petit tour dans ces endroits confirme la crainte de ces commerçants qui n’arrivent pas à écouler leurs marchandises.
Alors que le soleil monte au zénith, l’affluence ne laisse pas croire à un marché. Dans ce site situé sur l’avenue Albert Sarraut et encore sous surveillance de la police,les clients se font rares. Dès l’entrée, une odeur âcre d’ammoniac nous prend à la gorge, causée par les urines.Faute de toilettes, ici on se soulage sur les murs.
Dans ces trois sites qui font 730 places, il n’y a qu’une seule toilette pour tous les commerçants. Une situation qu’ils déplorent vivement.
Assis derrière sa table, Modou Ndiaye la quarantaine, vendeur de lunettes espère trouver des clients qui, selon lui, ne fréquentent pas encore les lieux.
« Depuis que la mairie de Dakar nous a recasé dans ce site, c’est la galère totale. Nous restons deux à trois jours sans voir un client qui marchande, encore moins qui achète. Nous n’arrivons plus à liquider nos marchandises. En tant que soutiens de famille, cela ne nous arrange pas », se désole-t-il.
Auparavant, dit-il: « nous gagnions notre vie et parvenions même à épargner de l’argent. Mais maintenant, tout ce qu’on gagne se limite aux dépenses quotidiennes. »
« Nos conditions de vie sont misérables. Pis, notre santé est menacée à cause de l’ammoniac que l’on respire tous les jours », dénonce Thierno Gueye, commerçant.
Selon lui, les autorités leur avaient promis des bâches et des lampes pour mieux équiper les sites. Mais jusqu’à présent, poursuit-il « on a rien reçu venant de ces autorités et c’est bientôt l’hivernage. Chacun de nous se débrouille (…) pour vendre dans de bonnes conditions ».
Les marchands ambulants ont par ailleurs interpellé les autorités sur la promotion des sites afin qu’ils soient définitivement connus par les clients.
Pour la réalisation du projet de pavage, Youssou Diagne, représentant des commerçants explique que la mairie de Dakar a “déguerpi” 2356 marchands ambulants pour trois sites de 740 places. Dans toute l’étendue de la ville, elle a ciblé cinq points qu’ils occupaient, à savoir les avenues Lamine Gueye prolongée, Ponty, Peytavin Albert Sarraut et la place de l’indépendance.
Fatima Kane